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Les ONG

 

Un nouvel acteur en Amazonie

Transfert de connaissances

 
 

Contestant un mode de développement destructeur ou la domination patriarcale et occidentale, les ong ont été, depuis les années 1980 avec les missions et les chercheurs, les seuls acteurs organisés et structurés en réseaux qui pouvaient servir de soutien et de médiateurs aux populations indigènes en quête de d'audibilité et de représentativité.

Le fossé qui séparait les populations indigènes d'Amazonie de la culture occidentale, l'image négative de l'indien, la violence des contacts n'avait pas permis d'établir des relations équilibrées entre les deux. Disposant de moyens humains, financiers et de communication, les ong ont facilité les relations dans les deux sens entre le monde occidental et les sociétés amérindiennes.

Elles sont présentes sur le terrain, dans les médias, dans les grandes conférences et dans les cours de justice. Pourtant, les relations entre les ong et les populations indigènes peuvent poser des problèmes; la domination d'une organisation étrangère et son monopole sur la gestion, celle des subventions particulièrement, a été souvent l'objet de critiques des représentants indiens.


Le partenariat avec les ONG, au même titre qu'avec les missions, s'il permet de pallier les insuffisances de l'Etat, a été un moyen d'acquisition de connaissances et d'intégration des populations et des élites à la société occidentale. Grâce à l'influence internationale d'organisations comme Cultural Survival, Survival International, à leurs revues, à leurs réseaux d'informations, de partenaires et de militants, les revendications des populations amazoniennes ont trouvé une audience plus large au delà des frontières. Les messages véhiculés touchent l'opinion publique internationale au moment où celle-ci est de plus en plus concernée par les questions environnementales et les droits de l'homme. La question indigène s'est internationalisée depuis les années 1970, elle se mondialise avec la révolution des nouvelles technologies de l'information.

Aux nombreuses campagnes de presse s'ajoutent des procédures juridiques, dans lesquelles le rôle des ONG est important. L'hébergement de pages Internet des organisations indigènes sur les sites des ONG et le suivi des campagnes par l'utilisation des messageries électroniques transfèrent les problématiques indiennes dans le temps et l'espace des réseaux d'information. La simultanéité et l'interactivité transforment totalement les habitudes et les stratégies des acteurs ethniques. L'usage des techniques de communication, qui aurait pu rester l'apanage de la société moderne, est à la portée des représentants indigènes grâce à ce type de partenariat. Il permet de construire des stratégies qui contournent l'isolement et le manque de moyens.

Le silence pour les U'wa, les Shuar, les Ashaninka ou les Huaorani dans leurs luttes contre les pétroliers est un handicap majeur; la possibilité d'atteindre l'opinion publique internationale et d'actualiser régulièrement les informations à chaque nouvelle étape du conflit permet d'éviter la censure et l'oubli. Pour les entreprises pétrolières, cette nouvelle réalité modifie aussi leurs stratégies de communication. Elles doivent faire face à des campagnes agressives qui touchent leur image de marque. Ce type de conflits s'est déplacé de la sphère économique et politique vers celle de la communication.


En mars 2000 par exemple, avec Cultural Survival, l'organisation Amazon Watch a pu, interpeller la Banque Interaméricaine de Développement qui finance indirectement la construction d'un pipeline qui traverse le territoire ancestral Chiquitano entre la Bolivie et le Brésil . La collaboration avec des ONG a permis de remonter jusqu'à la BIRD et d'appuyer la demande pour cesser le financement du consortium Transredes (Enron/Shell). Les moyens de communication les plus modernes, et l'Internet notamment, permettent de rendre compte de l'évolution des événements à l'ensemble des ONG concernées et constitue un véritable réseau de surveillance qui fonctionne en temps réel. Une base de donnée sur les problèmes générés par les activités pétrolières est accessible à tous à travers ce réseau et constitue une source d'informations pour toutes les organisations indigènes confrontées à ce type de conflit. Ces dernière peuvent entrer en contact avec toutes les ONG qui travaillent dans ce domaine et profiter de leur appui.

France Libertés, fondation Danielle Mitterrand a été à l'origine de la création d'un Groupe Européen de Soutien aux Peuples U'wa et Embera-Katio de Colombie, avec le soutien de L'ICRA International, Oilwatch Europe, le Collectif Solidarité Lutte Indigène, le Comité pour les Droits de l'Homme DANIEL GILLARD et la FIAN. En réunissant des organisations européennes au sein de ce collectif, une visite de représentants U'wa et Embera a pu être organisée sur le continent. Pour des populations isolées, les avantages d'un réseau d'ONG de ce type, qui prennent en charge les frais et la logistique, modifient considérablement la portée de leurs revendications. La lutte de ces populations pour la protection de leur territoire a été relayée par de nombreuses autres organisations étrangères et colombiennes. L'ONIC (Organisation Nationale Indigène de Colombie) a soutenu la lutte des U'wa et Embera, intégrant ce conflit dans un ensemble de revendications indigènes plus vaste.


Dans la revue éditée par France Libertés, La Lettre de la Fondation, des articles permettent d'informer le public sur les causes des populations indigènes. Les cas des U'wa ou des Achés du Paraguay, victimes de la déforestation, des abus d'un missionnaire catholique de la Congrégation Le verbe Divin et du refus de l'administration de faire respecter les droits des populations indigènes ont fait l'objet d'articles écrits par des chercheurs. Depuis que le nombre d'ONG s'est multiplié, ce type de revue s'ajoute aux revues de sciences sociales et s'adresse également à un public averti.


En prenant l'exemple des U'wa, qui ne font pas partie des populations amazoniennes, nous souhaitons montrer qu'un conflit relayé par des ONG intègre la sphère de la communication sous plusieurs formes et à plusieurs niveaux: par l'Internet, du texte, des images, des sons; par les revues, du texte et des photos; par les réunions et les conférences, un échanges d'idées et d'information entre personnes physiques. En remontant à des instances internationales et gouvernementales, ces ONG comblent un déficit de représentation des populations indigènes et permettent à leurs représentants d'intégrer des réseaux et de s'y maintenir. Dés lors que la dynamique est en marche, les porte-parole de ces populations utilisent ces réseaux à leur façon en se désolidarisant progressivement des ONG, ouvrant la voie à leur autonomie dans ce domaine.


Amazon Watch est une ONG californienne qui, en collaboration avec des organisations indigènes et environnementales, défend l'environnement et les droits des populations autochtones face aux grands projets industriels. Pour accélérer encore les échanges d'information entre les communautés, les ONG et les médias, et donner les moyens aux populations d'opposer une résistance plus efficace, Amazon Watch fournit du matériel vidéo numérique et informatique qui permet la télécommunication de la "première ligne" vers l'extérieur.

 

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